Lorsqu’une entreprise change de propriétaire, les salariés bénéficient de protections spécifiques garanties par la loi Hamon pour la vente d’entreprise. Ces dispositifs assurent notamment le maintien des contrats de travail et l’information préalable des employés. Selon l’INSEE, plus de 58 000 entreprises ont fait l’objet d’une cession en 2024 en France. Connaissez-vous précisément vos obligations légales en tant que dirigeant lors d’une transmission d’entreprise ?
Quelles entreprises sont concernées par ces obligations ?
Premièrement, la loi Hamon pour la vente d’entreprise de 50 salariés ou plus qui envisagent une cession totale ou partielle de leur activité. Ce seuil s’apprécie au niveau de l’entreprise cédante, incluant tous les établissements et filiales directes dans le calcul des effectifs.
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Toutes les formes de cession sont concernées : vente d’actions, cession de parts sociales, apport-cession ou même transmission familiale. Une entreprise industrielle comme Michelin ou un groupe de distribution comme Carrefour entrent naturellement dans ce périmètre. Les sociétés de services informatiques de taille moyenne, les chaînes de magasins ou les groupes immobiliers dépassant ce seuil doivent également respecter ces obligations.
Certaines exceptions existent néanmoins. Les procédures collectives (redressement ou liquidation judiciaire) échappent à ces règles, tout comme les cessions intra-groupe entre sociétés d’un même ensemble. Les entreprises en difficulté bénéficient parfois d’aménagements particuliers, notamment lorsque l’urgence de la situation ne permet pas le respect des délais habituels d’information.
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Les obligations de la loi Hamon lors de la cession d’une entreprise
La loi Hamon impose des obligations précises au cédant lors de la vente d’une entreprise employant au moins 50 salariés. Ces dispositions visent à protéger l’emploi et à garantir la transparence du processus de cession.
Le respect du délai de 2 mois constitue l’obligation centrale. L’employeur doit informer les représentants du personnel au moins deux mois avant la signature de tout acte juridique transférant la majorité du capital social ou des droits de vote. Cette information ne peut pas être délivrée au dernier moment.
L’information transmise doit être complète et précise :
- Identité et coordonnées du ou des acquéreurs potentiels
- Secteur d’activité et références de l’acquéreur
- Motifs et objectifs de l’opération de cession envisagée
- Conséquences prévisibles sur l’emploi, les conditions de travail et les lieux d’activité
- Date prévue de réalisation de l’opération
Cette procédure d’information collective permet aux représentants du personnel de formuler un avis et d’engager le dialogue social autour du projet de cession.
Comment procéder à l’information des salariés en pratique ?
L’employeur doit désigner une personne responsable de la communication, généralement le dirigeant lui-même ou le directeur des ressources humaines. Cette information s’effectue par courrier recommandé avec accusé de réception adressé individuellement à chaque salarié, garantissant ainsi une traçabilité juridique complète.
Le message doit contenir des éléments précis : la nature exacte du projet de cession, l’identité de l’acquéreur potentiel, le calendrier prévisionnel et les modalités d’exercice du droit de préemption. Les représentants du personnel reçoivent ces informations simultanément, avec une copie du courrier type et la liste des salariés informés.
Un modèle de courrier standard comprend l’objet « Information préalable – Projet de cession d’entreprise », suivi du rappel du cadre légal, des détails du projet et des coordonnées pour toute question. Le délai de deux mois commence à courir dès la première réception confirmée, créant ainsi une timeline claire pour l’ensemble de la procédure.
Droits et recours des employés face à cette procédure
Les salariés bénéficient de droits spécifiques lorsque leur employeur envisage de céder l’entreprise. Le droit à l’information constitue le premier pilier de cette protection. L’employeur doit communiquer clairement son intention de vendre, les modalités envisagées et l’identité de l’acquéreur potentiel.
La possibilité de formuler une offre de rachat représente un droit fondamental. Les employés disposent alors d’un délai de deux mois pour se positionner et présenter leur projet. Cette période permet d’analyser la faisabilité financière et juridique de leur proposition alternative.
L’accompagnement peut s’avérer crucial dans cette démarche. Les représentants du personnel peuvent solliciter une expertise comptable pour évaluer la situation financière de l’entreprise. Les salariés peuvent également se faire assister par des conseils juridiques ou financiers pour structurer leur offre.
En cas de non-respect de ces obligations par l’employeur, plusieurs recours s’ouvrent. Le tribunal de commerce peut être saisi pour faire annuler la cession. Les salariés peuvent également engager la responsabilité de leur employeur et obtenir des dommages-intérêts pour préjudice subi.
Sanctions et risques juridiques en cas de non-conformité
Le non-respect des obligations de la loi Hamon expose les dirigeants d’entreprise à des sanctions pénales sévères. L’article L2323-78 du Code du travail prévoit une amende pouvant atteindre 7 500 euros pour chaque dirigeant impliqué dans la violation des règles d’information des salariés.
Au-delà des sanctions financières, la jurisprudence récente illustre des conséquences particulièrement lourdes. La Cour de cassation a confirmé en 2023 plusieurs décisions annulant intégralement des cessions d’entreprise pour défaut d’information préalable. Ces annulations entraînent des dommages-intérêts substantiels, souvent supérieurs à 100 000 euros selon la taille de l’entreprise concernée.
Les salariés peuvent également réclamer des indemnisations individuelles pour préjudice moral et professionnel. Le tribunal de commerce de Lyon a récemment condamné un dirigeant à verser 15 000 euros par salarié lésé, soit plus de 300 000 euros au total pour une PME de 20 employés.
Questions fréquentes sur la loi Hamon

Quelles sont les obligations de la loi Hamon pour vendre mon entreprise ?
Vous devez informer vos salariés de votre intention de céder 2 mois minimum avant la vente. Cette information doit préciser l’identité de l’acquéreur potentiel et les modalités envisagées.
Comment informer mes salariés selon la loi Hamon avant de vendre ?
L’information se fait par courrier recommandé avec accusé de réception ou remise en main propre contre décharge. Elle doit mentionner le projet de cession et ses conditions principales.
Quelles sanctions si je ne respecte pas la loi Hamon lors de la vente ?
Le non-respect entraîne une amende de 7 500 euros par dirigeant et peut invalider la vente si les salariés saisissent le tribunal dans les 6 mois suivant la découverte.
Mon entreprise de 100 salariés est-elle concernée par la loi Hamon ?
Non, la loi Hamon s’applique uniquement aux entreprises de moins de 50 salariés. Votre entreprise de 100 salariés relève d’autres dispositions légales pour les cessions d’entreprise.
Combien de temps avant la vente dois-je prévenir mes employés selon la loi Hamon ?
Le délai minimum est de 2 mois avant la signature de tout acte de cession. Ce délai court à partir de la réception effective de l’information par les salariés.










